Parce que l’univers n’a pas de structure, que l’homme n’est qu’un accident de la matière, que le monde est périssable et l’âme mortelle ; parce qu’aucune intelligence, aucune finalité, mais seulement la causalité aveugle et le hasard président à toutes les créations de la nature, que les plus grands des maux qui accablent le monde et l’homme ne sont que des accidents voulus par personne et ne signifiant rien ; parce qu’il n’y a ni justice, ni morale, ni droits, ni devoirs autres que ceux résultant du pacte social de non-agression ; parce que l’histoire, au moins en tant qu’il s’y passe quelque chose, est insensée ; enfin parce que le plaisir ne peut être indéfiniment accru (de sorte que tous les efforts de la civilisation pour multiplier les biens et les plaisirs sont faits en pure perte puisqu’ils ne peuvent accroître la capacité humaine de joie), le sage, qui sachant tout cela, s’est délivré des illusions qui produisent les craintes vaines et les faux désirs peut, conscient et calme, éprouver la joie pure, et, sans être éternel, vivre en éternité comme un dieu.

Marcel Conche, Lucrèce, p. 119.

mardi 11 février 2014

Ce mardi 11 février.

Bonsoir à tous,
Sont disponibles les cahiers de textes suivants :
APSeconde 11.
Secondes grec ancien.
Bonne soirée à tous.
« Pour l'artiste, à l'écoute de l'épaisseur sensible du monde comme de son propre corps, tout est objet auditif, rythmique, musical. Donnée pour lui immédiate de la perception, le rythme peuple l'univers environnant, le doue d'une profondeur et d'un sens « poétiques ». Il est, à ce titre, une donnée du sensible, un mode d'appréhension de la structuration temporelle, propre à toute perception, que ce sensible soit naturel ou créé par l'action humaine :

Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l'avait heurté, suivi d'une ample chute légère comme de grains de sable qu'on eût laissés tomber d'une fenêtre au-dessus, puis la chute s'étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c'était la pluie. Marcel Proust, Du côté de chez Swann. »

Extrait du Dictionnaire culturel de la langue française, t. IV p. 460.

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