Parce que l’univers n’a pas de structure, que l’homme n’est qu’un accident de la matière, que le monde est périssable et l’âme mortelle ; parce qu’aucune intelligence, aucune finalité, mais seulement la causalité aveugle et le hasard président à toutes les créations de la nature, que les plus grands des maux qui accablent le monde et l’homme ne sont que des accidents voulus par personne et ne signifiant rien ; parce qu’il n’y a ni justice, ni morale, ni droits, ni devoirs autres que ceux résultant du pacte social de non-agression ; parce que l’histoire, au moins en tant qu’il s’y passe quelque chose, est insensée ; enfin parce que le plaisir ne peut être indéfiniment accru (de sorte que tous les efforts de la civilisation pour multiplier les biens et les plaisirs sont faits en pure perte puisqu’ils ne peuvent accroître la capacité humaine de joie), le sage, qui sachant tout cela, s’est délivré des illusions qui produisent les craintes vaines et les faux désirs peut, conscient et calme, éprouver la joie pure, et, sans être éternel, vivre en éternité comme un dieu.

Marcel Conche, Lucrèce, p. 119.

vendredi 25 septembre 2015

Ce vendredi 25 septembre.

Ceux des élèves de seconde et de première en grec ancien qui ont étét absents trouveront en cliquant ici le questionnaire grec ancien dans son intégralité.
Les racines fondamentales (fichier corrigé) sont accessibles 

mardi 15 septembre 2015

Ce mardi 15 septembre

Pour les élèves de seconde, en grec ancien, la fiche contenant les racines fondamentales est disponible en cliquant ici

Pour les élèves de première 7, la fiche contenant les critères d'évaluation du commentaire littéraire est accessible en cliquant ici et la suite du cours du 15 septembre en cliquant .

mardi 7 juillet 2015

Nonis Iuliis. Constantin Cavafy (1863-1933)

Garde toujours Ithaque présente à ton esprit .
Y parvenir est ton but final .
Mais ne hâte pas du tout ton voyage.
Mieux vaut qu’il dure de nombreuses années ;
et qu’aux jours de ta vieillesse enfin tu jettes l’ancre
dans ton île,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans t’attendre à ce qu’Ithaque te donne des richesses.
Ithaque t’a donné le beau voyage.
Sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n’a plus rien d’autre à te donner .
Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu, avec tant d’expérience,
tu dois avoir déjà compris ce que signifient les Ithaque."

dimanche 17 mai 2015

a.d. XVI Kalendas Iunias

Etrange mouvement, vain dès l'origine, que cette cueillette plus ou moins désordonnée, tant que le Psychopompe ne nous a pas accompagnés, des signes anciens, qu'ils empruntent ou non le déguisement du nouveau. Pourquoi cette frénésie dans l'exercice de la parole, du geste, de l'action, dans la production de signes ?
Horace :
Quis multa gracilis te puer in rosa
perfusus liquidis urget odoribus
grato, Pyrrha, sub antro ?
Cui flauam religas comam 
simplex munditiis ? Heu, quotiens fidem
mutatosque deos flebit !
[...] Miseri quibus
intemptata nites !
Le jeune enfant parfumé qui s'avance étourdi par l'exhalaison des roses et conduit par Eros, succombant à la toute puissance séductrice d'une incandescente chevelure, est le cas particulier qui se généralise d'un coup dans le pluriel "miseri". Ce sont tous les êtres humains que fascinent les signes aujourd'hui éclatants, éteints demain, mouvement continu de colifichets jetés par Chronos, toujours dévorant.Vertige soudain dans la perspective de cette engloutissement perpétuel au point que le Titan  lui-même disparaitra enfin .
Peut-être est-ce cela que veut dire Timon :
Lips, let four words go by, and language end.

mardi 7 avril 2015

a.d. VII Idus Apriles

L'apparition des signes légués est le trébuchet des signes émis par les vivants. S'ils sont présents, s'ils grèvent le discours, ce n'est ni pour obscurcir ni pour paraître, mais pour être aliment stellaire, pour user la fausse pesanteur d'un présent dont, par distraction inquiète, nous échappe l'essentielle fugacité. Quelle est l'épaisseur du passé dans le discours tenu ? La mesure est là. Ou encore, quelle part est réservée aux discours anciens dans les paroles dites, dans les écrits constitués et soumis à notre lecture ? Ainsi, tant se voilera l'actualité vacillante, tant se présentera un fragment apparenté au nectar et à l'ambroisie.

vendredi 3 avril 2015

a. d. III Nonas Apriles

Utiliser des signes divers, de la main féminine en négatif sur la pierre, en passant par l'écriture, jusqu'aux couleurs projetées et aux constructions algébriques et aux sons ordonnés, pour désigner ce qui nous tente et nous appelle, sans que nous ne sachions vraiment pour quoi cela nous attire, ce vers quoi nous allons, et qui n'est pas devant, mais en deçà. D'où la puissance inégalée de la tombe du plongeur.

Tu vois alors la mer comme une métaphore ultime. L'écume, la frange éphémère des vivants, portée par l'immensité des Anciens. Sans les grouffres sombres,immobiles et silencieux, point d'écume en surface, frissonnante, vibrionnante, éclatante de blancheur. Sourire, pour reprendre l'image d'Eschyle, mais si bref et si incertain. Le trajet à accomplir n'est donc pas vers le haut, qui est évaporation, mais infra, dans les profondeurs. Que tirer des gouffres anciens si ce n'est, déjà, un soutien ?