Parce que l’univers n’a pas de structure, que l’homme n’est qu’un accident de la matière, que le monde est périssable et l’âme mortelle ; parce qu’aucune intelligence, aucune finalité, mais seulement la causalité aveugle et le hasard président à toutes les créations de la nature, que les plus grands des maux qui accablent le monde et l’homme ne sont que des accidents voulus par personne et ne signifiant rien ; parce qu’il n’y a ni justice, ni morale, ni droits, ni devoirs autres que ceux résultant du pacte social de non-agression ; parce que l’histoire, au moins en tant qu’il s’y passe quelque chose, est insensée ; enfin parce que le plaisir ne peut être indéfiniment accru (de sorte que tous les efforts de la civilisation pour multiplier les biens et les plaisirs sont faits en pure perte puisqu’ils ne peuvent accroître la capacité humaine de joie), le sage, qui sachant tout cela, s’est délivré des illusions qui produisent les craintes vaines et les faux désirs peut, conscient et calme, éprouver la joie pure, et, sans être éternel, vivre en éternité comme un dieu.

Marcel Conche, Lucrèce, p. 119.

mardi 14 juin 2016

Seule la métaphore...

[...]
nous-mêmes ici, petite foule, amas, convoi d'une matière confuse
  de mémoire,
inscrits dans l'infini souvenir et dénombrement de ce qui est..
Or en vain croyons-nous parfois l'infini maîtrisable,
parce qu'une chose serait comme une autre, mais
la comparaison déraisonne,
dans l'étendue ces figures dressent une porte imaginaire ou superflue
puisque tout partout communique avec tout dans le territoire
  du temps
où stationne un instant, circule et se subtilise à son tour en mémoire
l'homme dit poète au milieu de tout qui recense, ordonne, archive
  et se sait aussi compté.
[...]

Jacques Réda, Représentation de Jean Follain. 1985.

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