Parce que l’univers n’a pas de structure, que l’homme n’est qu’un accident de la matière, que le monde est périssable et l’âme mortelle ; parce qu’aucune intelligence, aucune finalité, mais seulement la causalité aveugle et le hasard président à toutes les créations de la nature, que les plus grands des maux qui accablent le monde et l’homme ne sont que des accidents voulus par personne et ne signifiant rien ; parce qu’il n’y a ni justice, ni morale, ni droits, ni devoirs autres que ceux résultant du pacte social de non-agression ; parce que l’histoire, au moins en tant qu’il s’y passe quelque chose, est insensée ; enfin parce que le plaisir ne peut être indéfiniment accru (de sorte que tous les efforts de la civilisation pour multiplier les biens et les plaisirs sont faits en pure perte puisqu’ils ne peuvent accroître la capacité humaine de joie), le sage, qui sachant tout cela, s’est délivré des illusions qui produisent les craintes vaines et les faux désirs peut, conscient et calme, éprouver la joie pure, et, sans être éternel, vivre en éternité comme un dieu.

Marcel Conche, Lucrèce, p. 119.

samedi 22 mars 2014

Le samedi 22 mars

Bonjour à tous,
Les cahiers de textes mis à jour sont accessibles :
Première1
Premières, grec ancien.
AP Première 2.
Excellente journée à vous tous.
Les hommes qui veulent sincèrement penser ressemblent souvent au ver à soie, qui accroche son fil à toutes les choses autour de lui et ne s'aperçoit pas que cette toile brillante devient bientôt solide et sèche, et opaque, qu'elle voile les choses, et que bientôt elle les cache; que cette sécrétion pleine de riche lumière fait pourtant la nuit et la prison autour de lui; qu'il tisse en fils d'or son propre tombeau, et qu'il n'a plus qu'à dormir, chrysalide inerte, amusement et parure pour d'autres, inutile à lui-même. Ainsi les hommes qui pensent s'endorment souvent dans leurs propres systèmes nécropoles; ainsi dorment-ils, séparés su monde et des hommes; ainsi dorment-ils pendant que d'autres déroulent leur fil d'or pour s'en parer.
Alain, cité par Gaston Gallimard dans la NRF 1er décembre 1911.

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